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Le vélo ? Trop lent. La mobylette ? Dépassée ! Dès seize ans, et pour un nombre croissant de jeunes pubères, la seule chose
importante concernant leur avenir est l'obtention du permis de conduire et, si possible, l'acquisition d'un véhicule personnel.
Ces futurs jeunes conducteurs ont, en majorité, le même comportement routier que leurs aînés. La campagne publicitaire "sécurité
routière" a beau être fort réussie, le message semble ne pas arriver au destinataire. La ceinture de sécurité n'est bien souvent
qu'un ornement inutile de l'automobile: "elle gêne pour conduire", "on l'oublie".., tant de raisons superficielles qui montrent
l'état d'esprit de l'automobiliste français. D'amendes en pertes de points, on essaie d'obliger ce danger public à porter sa
ceinture de sécurité "tout le temps, tous les jours", en pure perte. La sévérité croissante des amendes n'a d'autre effet que de
faire passer l'Etat pour un voleur. Pourtant on ne cherche pas à vider les portefeuilles, juste à sauver quelques vies des pièges
de la circulation routière. Mais le français ne porte sa ceinture que pour éviter une amende.
Depuis Septembre cette année, le pays grogne: le quinze du mois, le taux d'alcoolémie maximum autorisé est passé de 0,8 grammes
par litre de sang à 0,5 grammes. Depuis Septembre, le français s'insurge contre ce rétrécissement de sa marge d'intoxication, mais
il ne change rien à ses habitudes, les plâtrages sont là pour ça. Ces plâtrages, ce sont des substances à absorber après une soirée
bien arrosée au combustible de table, qui permettent de prendre le volant en déjouant le piège du test d'alcoolémie, puisqu'ils
masquent une bonne partie du taux réel contenu dans le sang.
Quelle invention formidable ! On peut circuler en ayant fait quelques excès de consommation. Ca c'est du progrès! Quel progrès?
Est-ce une évolution technologique positive que de pouvoir circuler en état d'ivresse sans risquer de sanctions? Est-ce une
révolution technologique que d'avoir la possibilité de mettre sa vie en danger et, à plus forte raison, celle des autres?
La baisse du taux maximum n'a pas pour objectif direct de gonfler les recettes de l'Etat, mais avant tout de sauver quelques vies,
même si ça n'est pas mérité. Il s'agit simplement de faire baisser un peu plus ces chiffres qui n'intéressent personne.
Depuis Septembre on entend sans discontinuer des "c'est nul !" ou des "c'est n'importe quoi t" et les plâtrages ont probablement
enregistré une hausse de leurs ventes assez spectaculaire. "Boire ou conduire, il faut choisir' : beaucoup ne savent pas choisir,
ils prennent le volant. En plein milieu de la nuit, les statistiques enregistrent une nouvelle entrée au top cinquante des morts
dues à l'alcool, mais on ne veut rien savoir. L'alcool tue au volant, à grande dose, il détruit. Qu'importe, si je veux m'acheter
un flacon de mort lente? Ces choses là n'arrivent qu'aux autres, c'est comme le loto. Puis un jour, une nuit, cette personne qui ne
gagnait jamais au jeu obtient le premier prix du concours d'inconscience : un aller simple pour le cimetière. L'alcool vient de
détruire une famille. Quelle importance? Ca n'arrive qu'aux autres! Sachez réfléchir avant d'agir messieurs les automobilistes.
Trop de vies sont en jeu, pensez que réfléchir aussi, c'est savoir vivre.
© LAFFREUX 1996
