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Vois encore tout autour, ces inconnus heureux
qui pour l'heure ont enfin cessé d'être peureux,
abandonné leurs doutes, vaincu les réticences,
pour faire chemin à deux, tenter aussi leur chance.
Qui d'autre encore t'a dit que tu serais comme eux ?
Que sur toi passera ce regard qui émeut ?
Oh ! Tous évidemment, tu es quelqu'un de bien...
C'est ainsi chaque fois qu'ils voudraient expliquer
ton attente et ton vide et le fait qu'au matin
il n'y a rien de neuf sur tes murs délavés.
Une âme de valeur si l'on en croit ceux-là
qui affirment toujours qu'un jour ton tour viendra.
Mais le temps fait mentir tous ces trop vieux adages
qui voudraient qu'en l'espoir tu oublies cette rage,
cette haine et la peine qui sont tiennes en ces nuits
que tant d'autres partagent, quand tu pleures ton dépit.
Voilà bien trop d'années que nos âmes valeureuses
n'ont pas su nous mener vers une vie plus heureuse
faudrait-il en conclure que nos cœurs délaissés
n'ont vu le jour ici que pour les gens blessées ?
Pour être là, bien sûr, dès qu'on nous y réclame
et pour soigner ce monde alors qu'au fond de l'âme,
nous brûlent cette attente et cette déception
de vous voir vous aimer et vivre nos passions ?
Les âmes de valeurs sont-elles condamnées
à survivre esseulées, maudites, mortes et damnées ?
Les larmes de ces cœurs ne verront-elles jamais
au loin se profiler les bras de leurs aimés ?
Voilà tout ce qui reste à ces "quelqu'un de bien"
qui, pour seule possession, n'ont que des petits riens.
© LAFFREUX 2000
