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Poèmes


Claire obscure

Portrait

La raison des projets et le flou du futur
Tourbillonnent de concert en un ballet obscur.
Peut-on vraiment jurer sur les lignes de nos mains,
Spéculer sur nos vies prévoir nos lendemains ?
Une âme seule y parvient, mais quand ils vont de pair
Les cœurs entremêlés oublient tous leurs repères.


Plus rien ne compte alors, que ces mains qui se frôlent,
Ces regards pleins de mots, ces silences complices.
Le temps s'est arrêté pour ces murmures qui glissent
Sur deux corps enlacés dans une lente farandole.
Même l'éternité semble ne rien durer
Pour deux vies qui, déjà, doivent se séparer.


Tous ces moments intenses et brillants de lumière
Apparaissent, soudain, tels de pauvres éclairs.
Entre ces deux histoires s'installe alors le vide,
Une déchirante absence et un néant avide.
Noyée dans la pénombre, vacille une petite flamme
Que rien ne peut éteindre, ni le vent, ni les larmes.


Claires-obscures les amours, quand sombrent dans l'oubli
ces fugaces secondes enfouies dans les ténèbres.
La blessure invisible, la mémoire qui faiblit,
qui voudrait effacer, au milieu des décombres,
les images rémanentes d'un fantôme éloigné.
Emotions or et noires, sentiments contrariés.


Indulgence ou colère, tristesse ou dérision,
car ces paires disloquées ne sauraient oublier
la force avec laquelle elles s'étaient attachées.
Et passent les semaines, s'enchaînent les saisons,
rien ne peut altérer ce lien incorruptible
qui a uni deux êtres au-delà du possible.
Mais tout doit s'effacer, faire place à la raison.
Claires-obscures les amours, l'attente, la déraison.


Comme un tiraillement, il leur reste un espoir
teinté de tous les doutes que crée l'indifférence.
Et la fuite du temps amène au désespoir.
Solitaire ou patient ? Où est la différence ?
Elle existe en ce nom qui abrite à lui seul
tellement de souvenirs, quantité de "peut-être "
qu'un adieu assassin déchire comme un linceul.


Claires-obscures les amours quand sont dits les mots traîtres.
Claire-obscure l'existence quand tu quittes ma route
et quand la négation répond à mes questions.
Claires obscures mes envies quand tu te fais bastion,
forteresse inviolable qui me met en déroute.
Clair-obscur l'avenir mais limpides mes voeux
quand j'ai dû te pleurer pour enfin aller mieux.



© LAFFREUX 1999


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