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Poèmes


Embuscade

La biche

Derrière un gros taillis, armé de son fusil
S'embusqua un chasseur pour piéger son gibier.
Une biche insouciante qui cherchait un mari,
Bluffée par le buisson, se mit à le humer.


Ses feuilles d'un vert brillant appelaient au délice
Et ses baies rouges à cœur promettaient un festin.
Mais quelle absurde erreur, menée par le destin,
L'appétit fit commettre à la bête sans malice !


Le tireur embusqué, si près de sa victime,
Ne voulut d'abord pas éventer son secret
Mais bientôt l'animal goûtant les baies sucrées
Renifla les relents d'un dangereux abîme.


Le discret maquisard se trouvant sous le vent
Se vit soudain trahi par l'odeur de la poudre
Et la biche alarmée fila tout droit devant.
Le chasseur bondit tôt, tout prêt à en découdre.


Ajustant la pauvrette dans sa ligne de mire
Avec trop peu de soin, le vil manqua son tir.
Mais quelques plombs chauffés à la gueule du canon
Firent couler, pauvre bête, du sang sur sa toison.


Alors n'étant pas sûr de guérir assez vite
L'animal renonça à trouver un mari
Et l'infortunée bête qui errait sans sa mie
Cherche encore aujourd'hui la dame qu'il mérite.


Ainsi la peste soit de ces maudits chasseurs
Qui pour leur bon plaisir, à nos dames font peur.
S'il n'est plus de clairière autre qu'un champ de tir
Qu'on pardonne à nos dames leur refus sortir,
Mais qu'on leur interdise de se barricader.
Car même si la lumière ne peut plus les toucher
Ni le soleil les voir voler au petit trot,
C'est le chasseur qui gagne et nous qui perdons trop.



© LAFFREUX 2000


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