Aller au contenu | Aller au titre | Commentaires

Poèmes


Faut-il y croire ?

Fée

Il y avait deux enfants jouant au fond d'un jardin
Et là-bas sous les frondes, une source d'eau claire.
Ils jouaient aux bandits, l'un tenant un gourdin
L'autre, plus poétique, étant armé d'une fleur.
Tout entier aux rapines des voleurs qu'ils singeaient
Leur esprit innocent ne capta d'abord pas
Le bruissement mouillé, le clapotis discret
De l'onde régulière où les menaient leurs pas.


Mais bientôt l'évidence : ils surprirent le filet
Qui coulait doucement sur un aplomb rocheux.
L'un posa un bâton, le regardant filer
Au gré du flot léger, le guidant de ses yeux.
L'autre, plus scientifique, examina l'endroit
Pour trouver l'origine de cet humide bras.


C'est en traquant ceci que cela se produit :
L'un découvrit le lieu d'où sourdait le frais ru,
Mais ceci n'était pas tout ce que l'autre vit...
Et il montra du doigt pour être plus vite cru :


" regarde la bonne fée !" dit-il sans plus d'ambages.
" mais de quoi parles-tu ?" questionna le second.
Le premier avait vu, chevauchant les herbages,
Au sommet des courants : une fée ? Oui, mais bon...
Le second, quant à lui, eut beau écarquiller,
Forcer en vain ses yeux, il ne vit que de l'eau,
Claire et fraîche, couler se perdre et scintiller.
Et les brigands allèrent partager leur magot.


Oublié le cours d'eau, évaporée la source :
Les bijoux, les rubis occultaient la trouvaille
Qui les avait stoppés dans leur quête de bourses,
De butins amassés et des gardes qui veillent.
Mais au soir, sous les draps, quand l'ombre attire les peurs
Les bambins moins vaillants sur ce sujet revinrent :

-" je l'ai vue je te dis ! Et ses longs cheveux gris ! "
-" et moi je n'ai rien vu, que de l'eau et des feuilles ! "
-" et elle était assise ! Elle flottait je te dis ! "
-" tu as rêvé... une fée ? Qui flotte et qui scintille ? "
-" non je n'ai pas rêvé et les fées ça existe ! "
-" alors c'était une feuille : les fées ne sont qu'un mythe ! "


Et la nuit mit un terme à cet échange de vues
Avant que les enfants ne reviennent au jardin.
Mais passés ces aveux : avoir vu ou bien cru...
Quand les deux curieux se ruèrent au matin
Vers les fougères qui la veille masquaient l'eau
Il n'y avait plus rien : ni source ni chimère.
Et ils se tinrent ici, se sentant bien ballots
Ne sachant que répondre à cette simple question :
Qu'était-ce donc hier, et faudrait-il y croire ?
Le refus explique-t-il cette disparition ?



© LAFFREUX 2000


COMMENTAIRES Commentaires
sceau
Compteur

Valid XHTML 1.0 Strict