Aller au contenu | Aller au titre | Commentaires
Sur un satin doré et baigné de soleil,
deux ombres se faufilent au milieu de la foule.
Vous pourriez les entendre en leur prêtant l'oreille
mais leurs souffles discrets sont mêlés à la houle
et tout ce qu'ils désirent c'est qu'on ne les voie pas,
car ils savent qu'en ce lieu ils sont comme un appât.
Attendant patiemment que le noir gagne enfin
en caressant des doigts le drap de sable fin,
ils sont venus ici pour partager un soir,
consommer une nuit sans personne pour les voir.
Alors décroît le jour tandis qu'encore pâle
apparaît doucement une timide lune :
un peu floue un peu vague, comme cachée par un voile.
C'est le silence autour, rien ne bouge sur les dunes
pendant que sur la mer descend le feu solaire
et que loin sur l'azur luit l'étoile polaire.
Attendant patiemment que la nuit les habille
alors que dans les flots tout ondule et scintille,
ils sont assis sereins et vont s'aimer encore :
jusqu'au petit matin ils ne seront qu'un corps....
Dans les vagues du ciel flotte un disque complice.
Au fond d'une mer d'étoiles, dans ces yeux qui se plissent,
ni doute ni question, ils se savent protégés.
Même si la nuit, souvent, se pare d'un vent léger,
rien ne peut les troubler, ils ont tout oublié,
à la chaleur orange d'un caressant brasier.
Et masqués dans leurs ombres, fondus en un fantôme,
leurs corps dansent un ballet de creux mouvants, de dômes
et de gestes créant un océan de chair.
C'est en pareils moments que la nuit leur est chère.
Et toujours vient le feu du jour qui les repousse
et l'écume déjà qui vient les chatouiller
et la mer qui s'éveille, mouvante, avide et rousse,
pistant les amoureux pour un peu les mouiller.
Sous les premiers rayons s'anime le désert
et les amants, heureux, une dernière fois se serrent.
Il leur faut s'en aller et déjà les dessins,
tracés du bout des doigts, sont brouillés par les flots.
Les je t'aime et les cœurs, comme pétales éclos,
resteront en ces âmes dont on sait le dessein.
© LAFFREUX 2000