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Poèmes


En elle je veux l'oubli

Plénitude

Etre en paix, quelques jours, et puis sombrer encore.
Quand tout semble aller mieux, qu'il fait meilleur dehors,
se voir une fois de plus glisser vers les abîmes,
attiré sans défense, tributaire d'une rime.
Ce sont les mots, toujours, qui font les mêmes douleurs
mais ce sont eux aussi les sucreries du coeur.
Et l'incessant manège emporte ses chevaux,
leurs grotesques montures, sur un chemin usé,
où d'autres, avant ceux-là, ont connu rires et maux.
Sous l'oeil de qui au juste ? Semblant si amusé...


Alors cette question : comment y arriver ?
Pour cesser de chuter ? Devoir se relever ?
Que faut-il sous nos yeux pour assurer nos pas ?
Rien d'un mystère en fait, quelqu'un qui n'y est pas,
sur cette voie peuplée d'inconnus transparents.
Tout ce qui fait défaut est bien trop apparent.


C'est l'oubli qu'il nous faut. Le néant si serein
qui habite nos corps, quand posée sur son sein
notre tête est légère et nos pensées absentes.
Tout de nous est en elles. Disparue la descente !
Et tout d'elles est en nous quand il faut les quitter
comme une obligation, une dette à acquitter.


En elle je veux l'oubli, celui de son absence.
Effacer pour de bon l'irrémédiable attente,
tous les instants gâchés, exempts de sa présence
et qui n'avaient de sens qu'auprès de cette amante.


Ternis tous ces soleils, disparus sur les flots,
tant est morne, sans elle, la lumière du couchant.
Jaunies les herbes folles, désolés les îlots
tandis que seul et las je continue marchant.
A quoi riment ces chants, si elle n'y goûte pas ?
A quoi me sert d'aimer sans pouvoir partager ?
Vers elle vont mes sanglots, captifs de ses appas,
mes sourires tombants, mes amours ravagées...


En elle je veux l'oubli, celui de son recul,
effacer pour de bon l'irrémédiable espoir.
Quel côté du " peut-être ", je voudrais le savoir,
choisira-t-elle pour moi, impuissant, incrédule ?
En elle je veux l'oubli, voudrait-elle m'oublier ?
Jeter aux quatre vents tous nos actes manqués ?
Je paie ma dette en vers, et j'ai les mains liées :
la partie se termine et c'est à elle de jouer...



© LAFFREUX 2000


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